Lettre 3846 de Benjamin Du Plan de Ribot du Cayla à Jean-Alphonse Turrettini

Lettre autographe. Inédite. (F)
Archives de la Fondation Turrettini (Genève), 1/Gd.10.I

L'interet que Vous

Sachant l'intérêt que JA porte au rétablissement des Églises réformées de France, Du Plan veut le renseigner sur son voyage à Berne et à Zurich. Il lui avait communiqué une lettre de [Christoph] Steiger, annonçant que les députés des Cantons évangéliques avaient accordé, lors de la Diète de Baden, l'entretien de deux proposants et 500 écus pour les livres. Zurich et Berne confirmèrent la décision de leurs députés mais les autres petits Cantons se retranchèrent derrière plusieurs prétextes pour n'en rien faire. C'est pourquoi Du Plan, après avoir longuement attendu, décida de se rendre sur les lieux. Il a finalement pu obtenir des principaux seigneurs de Berne et de Zurich l'assurance que la chose serait exécutée vers la Saint-Martin. Pendant qu'il attendait à Berne le retour des seigneurs de la campagne, le professeur [Jakob Christoph] Iselin et le pasteur Roques lui firent entendre que sa présence ne serait pas mal venue à Bâle. [Hieronymus] d'Erlach lui donna ainsi une lettre de recommandation pour son ami [Emmanuel (?)] Falkner qui le reçut très bien, de même que le bourgmestre [Andreas (?) Burckhardt]. Il aurait pu obtenir ce qu'il souhaitait dans le Conseil des Treize, grâce notamment à la faveur de ces deux seigneurs, si une lettre n'était malheureusement pas arrivée de Zurich, adressée au Conseil des Soixante, pour les engager a donner suite aux engagements pris par les députés à la Diète. Or ce Conseil est formé de personnes de toutes sortes et on craignait un éclatement de l'affaire. C'est pourquoi, dans un premier temps, plusieurs personnes parmi les plus prudentes refusèrent par nécessité de ménager la France mais elles chargèrent parallèlement le Conseil restreint de réfléchir à la chose. Celui-ci décida de se rallier à la contribution et alla même jusqu'à la doubler, au cas où les deux principaux Cantons décideraient d'augmenter la leur. Pendant son séjour bâlois, il a pu voir cinq ecclésiastiques qui lui ont témoigné l'intérêt qu'ils portaient au sort du règne du Christ en France. Roques a fait un petit livre de souscriptions; [Samuel] Werenfels y a souscrit et a donné des lettres de recommandation pour Schaffhouse. D'autres aussi ont souscrit, comme l'antistès [Eberhard Köchlin] (qui a promis de faire souscrire d'autres membres du corps pastoral), Iselin, [Jean-Rodolphe II] Ostervald et plusieurs autres. Tout ceci devrait faire une somme qui servira à entretenir un ou deux chrétiens destinés au service des Églises de France. Il espère aussi obtenir quelque chose de Schaffhouse, de Saint-Gall et de Francfort. Du Plan a obtenu des nouvelles de France de la part des conducteurs des Églises. Il y a eu un synode en Dauphiné, auquel ont assisté plusieurs députés du Languedoc, des Cévennes, du Vivarais et de Guyenne. Ils ont aussi pris des décisions au sujet de Du Plan et celui-ci les a envoyées à [Jacques] Vial [de Beaumont] pour qu'il les examine conjointement avec JA, [Antoine I] Maurice et Dentand. Certaines de ses instructions lui ont paru peu raisonnables et d'autres inutiles. Il faut regarder ces Églises comme si elles se trouvaient dans une espèce d'enfance. Les membres n'ont pas assez d'étude ni d'expérience. C'est pourquoi Du Plan a décidé de s'adresser à JA et aux autres ministres mentionnés pour qu'ils mettent de l'ordre. Bien qu'il ait cru et croie encore qu'il y a des personnes auxquelles Dieu concède des inspirations immédiates, il a promis qu'il n'aura plus aucun commerce familier avec elles et qu'il n'assistera pas à leurs assemblées tant qu'il sera député des Églises de France. Il n'est pourtant pas disposé à promettre qu'il ne leur adressera pas la parole ni qu'il ne leur rendra pas les services que la charité engage à rendre à tout le monde, parce qu'il considère cela comme injuste. Du reste, il utilisera la pension qui lui a été octroyée par le synode non pas pour lui-même mais seulement pour se défrayer. De la sorte, tous les soupçons devraient être dissipés. Il y a un autre article qui lui fait d"e la peine, c'est qu'il ne doit prendre aucune décision ni entreprendre quoi que ce soit dans les négociations et voyages sans avoir consulté au préalable les Messieurs choisis par les assemblées synodales. On risque ainsi de rater des bonnes occasions de faire le bien. S'il faut d'abord leur écrire et ensuite attendre leur réponse, son ministère risque de devenir infructueux alors qu'il suffirait qu'il leur rendît compte scrupuleusement de tout. Bien des personnes sont disposées à témoigner de sa fidélité. Il a fait beaucoup de sacrifices; il a abandonné sa patrie, ses amis, ses parents pour continuer à être utile aux frères qui souffrent. Outre ces considérations, que faire avec tous ceux qui veulent faire la charité mais dans le plus grand secret?

Adresse

[Genève]

Commentaire

Lettre incomplète. La date est établie par rapport au II^e synode national qui s'est tenu dans le Dauphiné le 11.10.1727 et qui a pris les délibérations dont fait état la lettre.

Lieux

Émission

Réception

Genève

Conservation

Genève

Cités dans la lettre