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Lettre 3559 de Jean-Frédéric I Ostervald à Jean-Alphonse Turrettini

[Neuchâtel] 15.12.1725

Monsieur Cellier me

Ostervald a lu avec un grand empressement la dispute de JA [Disputatio, pars quarta, 1725] et trouve que son ami n'a jamais rien écrit d'aussi solide, d'aussi net et d'aussi digéré. Il a été ravi de voir que JA ne partageait pas les sentiments de ceux qui accordent aux imposteurs et au diable le pouvoir de faire des miracles et, ce faisant, affaiblissent énormément l'argument des miracles. Ostervald a pensé la même chose quand il a fait ses Réflexions sur le chapitre XIII du...

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[Neuchâtel] 15.12.1725


Lettre autographe, adressée. (F)
Bibliothèque de Genève, Ms fr 491 (f.35-37)

Budé, Lettres, III, p.165-166. Omissions.


Monsieur Cellier me


Ostervald a lu avec un grand empressement la dispute de JA [Disputatio, pars quarta, 1725] et trouve que son ami n'a jamais rien écrit d'aussi solide, d'aussi net et d'aussi digéré. Il a été ravi de voir que JA ne partageait pas les sentiments de ceux qui accordent aux imposteurs et au diable le pouvoir de faire des miracles et, ce faisant, affaiblissent énormément l'argument des miracles. Ostervald a pensé la même chose quand il a fait ses Réflexions sur le chapitre XIII du Deutéronome. Il a toujours estimé dangereuse l'opinion de [Jean] Le Clerc qui, ayant entrepris de réduire à rien la plupart des miracles et des prophéties, accorde néanmoins au démon le pouvoir de faire des prodiges. De même il n'approuve pas les sentiments de leur ami de Bâle [Samuel Werenfels] qui, dans sa dissertation [De veritate miraculorum], affirme qu'on ne sait pas jusqu'où va la puissance des créatures et des anges. Au lieu de tant philosopher, il vaudrait mieux parler avec Jésus-Christ et attribuer les miracles à l'esprit et à la vertu de Dieu. Ostervald explique comme JA les miracles des magiciens du pharaon et il se rappelle que, quand il était à Genève en 1703, feu [Antoine I] Léger était aussi dans les mêmes sentiments. Il était déjà au courant du mariage d'[Antoine III] Saladin avec [Marie-Louise Langes de Montmirail] de Lubières; est-il vrai qu'il veut devenir pasteur? Dans ce cas-là, la tante de JA [Élisabeth Calandrini] serait bien liée avec le sanctuaire. L'idée de JA d'écrire à Townshend est très bonne et Ostervald lui écrit ce qu'il serait opportun de lui communiquer pour qu'il en parle à son maître [George I] et au roi de Prusse [Friedrich Wilhelm I]. Les bruits qui ont couru sur l'aliénation de Neuchâtel ont été fort inquiétants par l'atteinte qu'on porterait à la constitution, qui veut l'État inaliénable, et à la religion. On a toujours considéré le roi comme un prince juste ayant à cœur les intérêts de la religion mais il est entouré par des personnes qui ont en vue leurs intérêts particuliers et qui ont dégoûté le roi du pays en lui faisant croire que l'État était difficile à gouverner et que les sujets n'avaient guère d'attachement pour lui. Depuis l'arrivée du baron de Strunkedé, ces mêmes personnes ont fomenté des divisions. Le baron n'a point fait de cas des fidèles serviteurs du roi et les a éloignés des affaires, en donnant sa confiance aux personnes les plus éloignées de lui. Le secrétaire du baron, Richter, a d'abord rencontré secrètement les personnes qui avaient le projet de faire passer Neuchâtel sous un prince français et ensuite le plus ouvertement possible, de même que le baron. À la fin l'auteur du projet alla lui-même plusieurs fois voir le baron qui lui rendit la visite. Après le départ de Strunkedé, plusieurs personnes sont allées de communauté en communauté pour former des associations ayant le but de conduire le pays à l'indépendance et de le soustraire à son autorité légitime en insinuant que c'était au peuple de nommer le souverain et non pas aux États. En outre, depuis le départ du baron, la Cour a cessé d'écrire à Neuchâtel, favorisant ainsi la confusion et l'anarchie les plus complètes. Si le roi pouvait connaître le véritable état des choses, celles-ci pourraient certainement changer mais il y a à Berlin des gens qui lui cachent ou lui déguisent la vérité. Il serait pourtant facile au roi de savoir la vérité soit en envoyant ici une personne intelligente et non prévenue soit par le biais de Berne et de rétablir ainsi l'ordre et la tranquillité. Il faudrait que tout cela parvienne au roi par un autre biais que ses ministres. On dit aussi (mais cela est seulement pour JA) que le ministre d'lgen est hostile à Neuchâtel et que c'est de lui que tout le mal vient. LL.EE. de Berne ont écrit récemment au roi d'Angleterre [George I] et au roi de Prusse sur cette affaire. L'avenir s'annonce bien triste.

Adresse

Genève


Lieux

Émission

Neuchâtel

Réception

Genève

Conservation

Genève


Cités dans la lettre

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