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Lettre 2548 de Léonard Baulacre à Jean-Alphonse Turrettini

Londres 19.11.1714

J'ai encore eu le tems

Baulacre a pu faire la commission dont l'avait chargé JA et a trouvé tous les livres exceptés les commentaires de César de Davies [Cantabrigiæ, 1706] qui ne se trouvent pas à Londres. Il aurait voulu joindre un sermon prononcé par [Gilbert I] Burnet devant le roi [George I] pour marquer la protection que le parti réformateur a reçue de la part de la providence mais il est encore sous presse [1714]. Il a été invité à dîner chez l'évêque le jour de la commémoration du débarquement de Guillaume [II...

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Londres 19.11.1714


Lettre autographe, signée, adressée. Inédite. (F)
Archives de la Fondation Turrettini (Genève), 1/Gd.B.14


J'ai encore eu le tems


Baulacre a pu faire la commission dont l'avait chargé JA et a trouvé tous les livres exceptés les commentaires de César de Davies [Cantabrigiæ, 1706] qui ne se trouvent pas à Londres. Il aurait voulu joindre un sermon prononcé par [Gilbert I] Burnet devant le roi [George I] pour marquer la protection que le parti réformateur a reçue de la part de la providence mais il est encore sous presse [1714]. Il a été invité à dîner chez l'évêque le jour de la commémoration du débarquement de Guillaume [III] d'Orange à Torbay; ce jour-là tous les Anglais boivent en l'honneur de ce prince. Le prélat a offert d'excellents vins mais pas de vins français; ses fils l'ont gentiment chicané là-dessus. L'aîné [William] demande à JA, de la part de la Société royale, des renseignements sur l'accident arrivé à Vevey à la suite d'un tremblement de terre. Les lettres que la Vénérable Compagnie et les autorités politiques genevoises avaient écrites au nouveau roi n'ont pas encore été remises parce que celui-ci est actuellement trop occupé avec les affaires de politique intérieure pour pouvoir s'occuper de l'extérieur; il n'a du reste pas encore reçu les ministres des Puissances étrangères. Mais les lettres lui seront transmises sous peu. Le duc [Talbot] de Shrewsbury n'est plus le canal naturel de ces sortes de lettres mais c'est mylord Townshend qui s'en occupera et elles ne sauraient être en de meilleures mains. Il garde un très bon souvenir de Genève et adresse ses salutations à JA. Quant au duc de Shrewsbury, il est chambellan mais on dit qu'il aurait souhaité être intendant des menus plaisirs du roi et gentilhomme de la Chambre. Pour l'heure, la place est vacante puisque le roi a décidé de la laisser ainsi; la duchesse est devenue dame d'honneur de la princesse [Caroline Wilhelmina de Braunschweig-Lüneburg-Hanovre] mais comme elle est surnuméraire, elle n'aura pas d'appointements. La place convoitée par le duc l'a été aussi par [Churchill] de Marlbourough qui a été assez critiqué pour l'insistance avec laquelle il a demandé cette charge. Il paraît que la nouvelle pomme de discorde entre la France et l'Angleterre est le canal de Mardilk et Baulacre raconte une scène qui s'est déroulée dans la chambre du roi entre celui-ci et d'Iberville. L'envoyé de France était entré dans la pièce et était allé s'appuyer sur un fauteuil, sans que le roi, dont la vue n'est pas des meilleures, le remarquât. Peu de temps après lui entra le fils [Willem Maurits] du comte [Hendrik I Nassau] van Ouwerkerke. Comme il arrivait de Flandre, le roi lui demanda des nouvelles de Dunkerque et des environs et l'on vit bien aux réponses qu'il obtint que le roi de France [Louis XIV] avait encore de nombreuses troupes en armes dans ce secteur et que Mardilk pouvait fort bien passer pour un port capable d'abriter des vaisseaux de 74 pièces de canon. La conversation s'échauffant, on fit remarquer au roi la présence de d'Iberville. Ce dernier prit la parole et expliqua que si son maître avait encore des troupes en armes, c'était pour se prémunir à un moment où il voyait les Puissances si disposées à lui faire la guerre. Le roi George répondit vivement que sa conscience lui disait bien le contraire. Pour Mardilk, d'Iberville insista sur le fait qu'il ne s'agissait là que d'un simple canal d'écoulement des eaux pour des régions inondées des environs mais le roi persista dans le fait qu'il s'agissait d'un port qui pouvait servir d'abri pour une flotte. D'Iberville s'emporta alors en répétant qu'il s'agissait d'un canal et en ajoutant qu'il pensait bien comprendre la langue française. Une fois en France, Baulacre tâchera d'aller voir ce canal. Il a rencontré l'évêque de Bangor [John II Evans] qui lui a dit avoir recommandé à JA son neveu qui était à Genève; ce prélat vient d'être fait aumônier du prince de Galles [Georg-August de Braunschweig-Lüneburg-Hanovre]. Un médecin nommé Ratlif [John Radliffe] est mort depuis quelque temps et a laissé un legs très important, créant entre autres un"e fondation pour faire voyager de jeunes gens et pour tirer les filles de la débauche. Baulacre a montré à [Pierre I] Coste la lettre de JA où celui-ci lui offrait une chambre chez lui et l'en remercie. Il travaille à retoucher sa version de l'Essai sur l'entendement humain de Locke [Amsterdam, 1700; Amsterdam, 17292].

Adresse

Genève


Lieux

Émission

Londres

Réception

Genève

Conservation

Genève


Cités dans la lettre

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