Lettre 1622 de Jacques Genève  à Jean-Alphonse Turrettini

Lettre autographe, signée. Inédite. (F)
Archives de la Fondation Turrettini (Genève), 1/Gd.L.11

Je receu samedy

De Genève a appris avec chagrin par la dernière lettre de JA la maladie de son correspondant; il prie Dieu pour son rétablissement. Contrairement à ce que le Genevois écrit, il ne s'est jamais adressé à lui avec "des airs fanfarons et insultants" ; il l'a plutôt fait avec un amour humble et sincère de la vérité. Les réponses données par JA restent évasives: pour la question de savoir quels sont les conciles dont parle la confession de foi [Confession de foy, 1559] et que les réformés suivent, JA répond en disant que ce sont ceux qui suivent la Parole de Dieu mais sans les nommer. Il parle ensuite de l'idolâtrie de l'Église romaine, ce qui l'étonne parce qu'il n'a jamais rien remarqué de tel dans cette Église. Pour ce qui concerne la canonicité du livre de la Sagesse, JA répond que les citations alléguées par de Genève ne sont pas de véritables citations mais plutôt des convenances entre ce qu'on dit et ce qui se trouve dans certains livres et que, quand bien même il s'agirait de citations, cela ne prouve pas que le livre soit divin. L'expéditeur aimerait vraiment savoir par quelle autorité JA croit que certains livres de la Bible sont divins et d'autres pas. Pourquoi on ne reçoit pas comme divine la lettre aux habitants de Laodicée, que Paul affirme pourtant avoir écrit lui-même? Il a toujours cru qu'il y avait du mal à lire les livres protestants et tant que son évêque [Michel-Gabriel de Rossillon de Bernex] le lui interdira, il s'en abstiendra, de même que de tout commerce épistolaire avec JA, si tel devait être son ordre. Et cela parce que l'évêque a un pouvoir sur lui et tout pouvoir vient de Dieu et ceux qui ne s'y soumettent pas se damnent. Il donne à l'appui plusieurs citations bibliques. JA cite enfin plusieurs passages bibliques pour affirmer qu'il ne faut pas enseigner des doctrines qui ne sont que de commandements d'hommes; c'est une affirmation étonnante de la part de quelqu'un qui professe une religion qui est une invention humaine et encore plus étonnante qu'elle soit adressée à quelqu'un qui appartient à l'ancienne religion fondée par Jésus-Christ et par les apôtres; une religion qui suit en tout les commandements de son maître. On peut appliquer aux protestants ce que saint Jean a prophétisé des hérétiques : ils étaient parmi nous mais il n'étaient pas des nôtres. Il termine la lettre en exhortant JA et les siens à rentrer dans la vraie Église.

Adresse

[Genève]

Commentaire

Lieux

Émission

Réception

Genève

Conservation

Genève

Cités dans la lettre