Lettre 642 de Jean-Alphonse Turrettini à Bénédict II Turrettini

Lettre autographe, adressée. (F)
Archives de la Fondation Turrettini (Genève), 1/Ea.5.7

Extraits dans Budé, Vie de Turrettini, p.53.

Depuis la lettre que ie vous

JA prie [Barthélemy Micheli] du Crest de remercier d'Iberville pour les lettres de recommandation qu'il lui a fait parvenir; il a rougi en lisant le portrait flatteur que celui-ci fait de lui. Il se porte toujours bien mais il ne négligera rien pour sa santé et fera attention en particulier à ne pas s'échauffer; il est très content de son logement «À la ville de Montpellier» qui se trouve à la rue de Seyne, près de tous les endroits et de toutes les personnes qui l'intéressent; il a maintenant une belle chambre, la table et la compagnie y sont bonnes et le prix raisonnable, compte tenu de la cherté de la vie à Paris. [Pierre] Stoppa est de retour de Versailles et lui a confirmé ce qu'il lui avait déjà dit. Il ira avec JA chez le rapporteur [Richebourg]. Il partira dans une dizaine de jours pour la campagne où il passera l'été; l'endroit est proche et Stoppa l'a invité à aller le voir souvent et à y passer même 15 jours. Il lui a raconté une histoire extraordinaire qui serait arrivée en Espagne à propos d'un enfant né avec toutes ses dents et ses cheveux qui, à 2 ans, aurait demandé à parler à son père et lui aurait révélé des choses que le père se serait empressé d'aller communiquer au roi [Carlos II]. Celui-ci aurait réuni le Conseil qui aurait décidé que le père, l'enfant et la nourrice seraient enfermés. Il paraît que c'est l'ambassadeur d'Espagne [Cerda y Aragon de Cogulludo] qui a relaté l'histoire au pape [Innocent XII]. Ici on en tire des conséquences favorables à la France puisqu'on ajoute qu'après avoir vu le père de l'enfant, le roi d'Espagne avait l'intention de demander immédiatement la paix au roi de France [Louis XIV] mais qu'il en aurait été empêché par le Conseil. Avant de se demander si cela vient de Dieu ou du diable, comme se le demandait Stoppa, JA estime qu 'il faudrait s'assurer de la véracité du récit, quitte autrement à faire comme les philosophes allemands qui écrivirent des volumes entiers sur la dent d'or d'un enfant avant qu'on ne découvre qu'il s'agissait d'une dent commune qu'on avait dorée; il en est de même aujourd'hui avec la baguette qu'on a découvert être une fourberie. JA a reçu beaucoup de civilités de Pavillon et de [Jacques Bibaud] Du Lignon; ce dernier a voulu amener toute la compagnie à l'Opéra. Il prie aussi la famille d'exprimer sa reconnaissance à [Germain] Colladon. Il n'a pas l'intention d'envoyer ses condoléances pour la mort de [Fabrice] Burlamaqui car son «savoir était tout ce qu'il y avait à honorer en lui», même s'il a été édifié par la charité de son testament. Il a été en revanche affecté par la mort d'[Otto] Korn et les rapports qu'il entretient avec le beau-frère de celui-ci [Michel Turrettini] sont bien différents de ceux qu'il a avec le fils [Jean-Louis] de Burlamaqui. JA envoie par Colladon l'Ordonnance de l'archevêque de Paris [Harlay de Champvallon] sur l'ouvrage de Du Pin [Nouvelle bibliothèque des auteurs ecclésiastiques]. Lorsque Micheli du Crest l'aura vue, il faudra la donner à [Bénédict] P[ictet] pour lequel il prépare par ailleurs une longue lettre. On ne sait encore rien des desseins du roi [Louis XIV], dont on prétend qu'il est encore à Chantilly. De grandes choses se prépareraient.

Adresse

Genève

Commentaire

JA envoie cette lettre lors de son séjour à Paris, ce qui permet de rétablir le millésime.

Lieux

Émission

RĂ©ception

Genève

Conservation

Genève

Cités dans la lettre